jeudi 6 décembre 2007

Titles

A Oxford, on peut être simple étudiant, et si on ne l'est pas, on peut être Professor, Statutory Professor, Doctor, Academic Registrar, Academic Administrator, Dean, Chaplain, Lonsdale Curator, Praefactus, Assistant Praefactus, Proctor, Warden, Domestic Bursar, Finance Bursar, Scholar, Porter, Head Porter, Lecturer, Professor Emeritus, Sir, Master, Librarian, Senior Tutor, Admission Tutor, Archivist, Visitor, Development Director, Programme Director, Centre Director, Programme Administrator, Senior Administrator, Research Staff, Reader, Chancellor, Vice Chancellor, Pro Vice Chancellor, (Junior) Research Fellow, Visiting Fellow, Honorary Fellow, Emeritus Fellow, Foundation Fellow, Professorial Fellow, Supernumerary Fellow, Fellow Commoner, Domus Exhibitioner1, entre autres. Ou alors, on peut être assistant ou secrétaire de quelqu'un qui porte un (ou plusieurs) de ces titres. Chaque titre désigne un rôle bien précis au sein de l'Université, d'un collège ou d'un département. Pas toujours facile, dans ces conditions, de savoir à qui adresser son éventuelle requête, et si on trouve la bonne personne, comment s'adresser à elle. Au début, c'est un peu compliqué. Et puis, ... ça le reste.


1 liste sans ordre particulier et susceptible d'être allongée.

lundi 3 décembre 2007

Handbook

Certains jours, tu cherches des idées d’articles pour ton nouveau blog, un truc rapide parce que tu es plus souvent au labo qu'en dehors, et là, tu reçois un email d’un pote qui t’informe qu'une photo de ton avant-bras droit figure à la page 70 d’un livre de photographies d’art, en tête de gondoles à la FNAC. Là, tu cherches dans ta mémoire de quoi il peut bien parler, et tu te rappelles qu’il y a plus de deux ans, tu as travaillé dans un labo en Suisse sur un exosquelette haptique, et que oui, un photographe ayant pour projet un livre sur le thème du gant, y compris les plus technologiques est venu prendre une photo de cet étrange dispositif. Tu avais oublié. Tu cherches dans tes archives de mails, et tu retrouves la photo. Tu envoies un email au photographe pour lui demander l’autorisation de l’utiliser, ce qu’il accepte gentiment. La voici donc :




Le bouquin est simplement intitulé "Gants" et on en dit : "Hier attribut de pouvoir religieux ou royal, gage d'amour, le gant reste symbole de luxe et de raffinement, mais aussi un outil de protection, voire de substitution à la main. L'ouvrage propose un parcours visuel autour de cet accessoire universel, qui révèle un univers foisonnant de créativité. Nicolas Descottes a photographié, selon un même schéma de composition graphique, des gants de toutes les époques et de tous styles. Des archives des gantiers et des plus grandes maisons de coutures (Hermès, Chanel, Christian Lacroix, Dior, Givenchy, Lanvin, Courrèges, Alaïa, …) aux collections des musées […] en passant par les gants de sportifs et les gants industriels, le photographe privilégie des rapprochements visuels, renforçant ainsi la charge symbolique de chaque pièce présentée."

Neat idea.

dimanche 18 novembre 2007

Not funny

Parmi les maladies mauvaises pour la santé, la méningite n’est pas la plus drôle. Aux deux cas qu'a connu Oxford en 1999 et 2006 est venu s'ajouter un troisième, un élève de l'université, au début de la semaine. Toutes les entités de l’université plus ou moins responsables de et concernées par la santé de leurs étudiants ont envoyé des vagues d’emails dans la foulée pour 1. assurer que les autorités médicales sont confiantes dans le fait qu’il s’agit d’un cas isolé 2. faire une liste des symptômes de la maladie. Sans devenir paranoïaque (6 jours ont passé, pas de deuxième cas), vu l’espérance de vie après l’apparition des symptômes, ça ne me fait pas rire du tout. Je comprends mieux pourquoi la vaccination est fortement encouragée à l’arrivée ici. Je comprends moins bien pourquoi je ne m’en suis pas soucié avant.

jeudi 15 novembre 2007

Choice of college or college of choice

A l'époque du dossier de candidature, il m'avait fallu choisir un collège parmi les trente-neuf que compte Oxford. Après plusieurs heures passées à parcourir les sites internet de ces honorables institutions, je parvins à en choisir deux, sous-estimant l’importance de ce choix, dans la mesure où tous font parti de l’Université d’Oxford d’une part, et que mon éventuelle admission à un programme doctoral me garantissait l’admission dans un collège d'autre part. Je me retrouve dans un autre, sans vraiment savoir pourquoi, et d’après ce qu’on me dit, j’ai plutôt eu de la chance. Il a la réputation d’être un des tous meilleurs collèges pour les doctorants, et y être sans avoir posé de candidature, ça n’arrive jamais. Enfin, cela dit, tout collège qui se respecte prétend être le meilleur … Selon le discours officiel, le collège est la "base sociale" de l'étudiant, là où il vit en dehors de ses cours. Derrière ce terme se cache une organisation complexe. Chaque étudiant est en théorie d'abord accepté par un collège, ce qui vaut admission à l’université pour un undergraduate. Chaque collège a sa propre administration, son patrimoine et son corps professoral. A chaque étudiant est affecté un tuteur, c'est-à-dire un fellow de son collège, qui à la charge de veiller à sa bonne intégration et au bon avancement de son cursus, pas tant sur le plan académique que sur les plans administratif, financier et relationnel. En tant que post-graduate student, j'ai un autre tuteur, le chef de mon département, qui lui garde un oeil sur mon avancement académique et qui n’est pas rattaché à mon collège.

Ensuite un même collège héberge des étudiants d’une large palette de disciplines, des lettres classiques à l'astrophysique en passant par la génétique et les sciences politiques. De fait, la population y est étrangement hétérogène pour un arrivant d’une grande école française. On dit ici que ce mélange participe à l'ouverture des étudiants. Plus difficile pour les scientifiques d’ignorer les littéraires et réciproquement quand tous dînent à la même table.



Mon collège, c'est donc Balliol, en plein cœur de la ville. Ca ressemble à un château de l'extérieur, est à un château dans lequel on aurait construit des logements sociaux de l'intérieur. Selon une ardoise placée à l'entrée, Balliol "has a good claim to be the oldest of Oxford's Colleges", ce qui veut dire qu'il est seulement de quatorze ans plus jeune que le premier fondé et sans doute l'un des trois plus vieux. Sa devise non-officielle proclame que les élèves de Balliol jouissent d’une "tranquil consciousness of an effortless superiority". Cette arrogance sans nom et néanmoins plaisante ne lui permet cependant pas d’être en tête de la Norrington table, mais pas loin. Sa devise officielle proclame en latin un truc que j'ai oublié.

Balliol a un grand hall (qui fait usage de cantine), avec un orgue au plafond et les portraits des anciens masters et des plus célèbres alumni (des rois de Norvège et des premiers ministres britanniques) pendus au mur, une jolie chapelle et des grandes pelouses. Quelqu’un à qui je faisais visiter le hall il y a peu a eu l’étrange idée de me dire que, vraiment, Oxford fait tout pour ressembler au monde d’Harry Potter. C’est un peu comme quand un américain trouve intéressant que les anglais aient donné aux rues de Londres le nom de villes de Caroline du Nord ! Mais passons. Balliol, pour alimenter sa réputation de collège "de gauche" (la bonne blague) laisse ses étudiants jouir de privilèges incroyables, comme l'autorisation de marcher sur les pelouses ou celle de s'assoir à la "high table", traditionnellement réservé aux plus hautes autorités, et cela sans même leur imposer de porter l'uniforme !

Il y a quelque chose d’étrange à habiter dans des bâtiments historiques, à dîner dans un hall dont les murs si ce ne sont les bancs ont vu passer des générations de futurs grands hommes, à étudier dans une bibliothèque pleine de livres écrits à la plume, à prendre part à des traditions qui ne sont ni de ma culture ni de mon époque, à me faire prendre en photo par des touristes en plein déjeuner ou devant la façade principale. Je n’arrive pas à trouver ça normal.

Un fellow à qui je confiais cela à un dîner m’a souhaité que cela reste ainsi.

samedi 3 novembre 2007

How I found a future

Voilà six semaines que je suis arrivé. Six semaines qu'il est déjà difficile de résumer ou de saisir en quelques phrases. Je suis ici pour quatre ans (le terme de mon doctorat), au bas mot. Il est rassurant de savoir où je serai dans quatre ans. A vrai dire, je crois n'avoir jamais été en mesure de prédire où j'allais être dans quatre ans avec ce degré de certitude. Géographiquement j'entends. Mais c'est aussi et surtout une toute nouvelle vie, une nouvelle aventure. Une aventure qui a véritablement commencé il y a six mois.

J'étais à Princeton, Etats-Unis, dans une autre vie, écrivant sur un autre blog. C'était au milieu de ma recherche de thèse. Je ne pensais pas à Oxford. Trop prestigieux. Un trop grand nom. Diplômé d'une école d'ingénieur française touchée du syndrome de l'anonymat, je me débattais déjà pour convaincre des institutions de moindre réputation de la valeur (hexagonale au moins) de mon diplôme. Et puis une amie de bon conseil, établie à l'époque en Angleterre me fit part de son envie d'Oxford, avant de me poser très simplement la question: pourquoi n'essaies-tu pas Oxford ? J'ai ri. Ou plutôt, j'ai écrit "lol" dans l'interface emmessennesque. Et puis l'idée a fait son chemin, et deux jours plus tard je me retrouvais à examiner la liste des programmes et départements de l'Université d'Oxford. Et je suis tombé sur un programme qui correspondait à s'y méprendre à ce que je cherchais. La première étape de la procédure de candidature était à ma portée. Envoyer un CV. La belle affaire! J'en avais une douzaine fin prêts à être envoyer. J'ai cliqué sur "Envoyer", sans me faire de fausses joies (je n'aime pas les fausses joies) et n'en ai parlé à personne.

L'avis positif du département pour une candidature complète est arrivée dans la foulée ... cinq jours avant la date limite de réception des dossiers, par la poste cette fois. J'ai cravaché pour monter un dossier en deux jours et l'ai confié à contrecoeur à Fedex. Deux semaines plus tard, j'avais décroché un entretien téléphonique. Là, seulement, j'ai commencé à y croire, voire m'y voir. Là, j'ai senti une pression à laquelle j'avais échappé jusque ici. J'étais à trente minutes de conversation téléphonique transatlantique avec quatre anglophones simultanément de décrocher une thèse taillée sur mesure, à Oxford qui plus est. Si près et un peu loin quand même aussi. J'ai passé cet entretien aux aurores, décalage horaire oblige, dans mon cubicle d'alors, avec étalées sur mon bureau des notes qui contenaient les réponses à toutes les questions possibles et envisageables, pensais-je. Pas tout à fait finalement. J'avais une bonne impression en raccrochant, et me suis efforcé de ne pas la ruiner en me rejouant mentalement le scénario de la conversation jusqu'à regretter et reformuler toutes mes réponses. J'ai échoué.

Deux jours plus tard, je recevais un email informel qui m'annonçait le succès de ma candidature. Après deux longues semaines, je tenais enfin la lettre de confirmation officielle et la garantie d'avoir, pour les quatre prochaines années, trouvé un futur.

Sam, in Oxford

lundi 29 octobre 2007

Birth

"Sam est heureux de vous annoncer la naissance de son second blog, "by-sam", quelques kilos (octets) et dix-sept pouces en diagonale et en moyenne. Le nouveau-né et le blogueur se portent bien. "
Ayant, une fois n'est pas coutume, vaincu la procrastination, et à la demande générale des quatre abonnés au flux RSS de mon précédent blog, voici donc le nouveau support des récits que je trouverai le temps de faire de ma nouvelle vie. Je ne vais pas la décrire tout de suite, et lui consacrerai des vrais posts dans les jours à venir. Fort de près de deux ans d'expérience blogale, mon appréhension de ce nouveau blog est aujourd'hui bien différente de celle que j'avais dans cette chambre d'hôtel en bordure de Princeton, le jour de mon e-naissance. A l'époque, j'avais l'ambition d'écrire fréquemment et la prétention de croire que ce serait facile, je pensais que j'allais être insensible à la pression passive exercée par la projection mentale que j'allais me faire de mon lectorat, j'imaginais que l'angoisse de l'écran blanc n'était qu'un conte pour enfant et que les commentaires s'empileraient sous des billets toujours plus drôles. Naïveté comique vue d'ici ! C'est donc en blogueur quasiment adulte et positivement désillusionné que j'aborde cette nouvelle page, qui devrait me (et permettre à certains de me) suivre un bon moment.

Merci d'être passé.
Sam, back online